Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 343 dans les prisons. Au Temple, la famille royale se démande avec anxiété la cause de tant d’agitations. Tout à coup le bruit se répand que les royalistes marchent sur les prisons et qu'ils vont livrer la ville aux Prussiens. Ce bruit porte le dernier coup aux imagidations surchauffées par les derniers événements.

Une troupe armée rencontre vingt-quatre prêtres qu'on transférait de l'Hôtel de ville à l'Abbaye : « Voilà disent les fédérés, les conspirateurs qui doivent égorger nos femmes et nos enfants tandis que nous serons à la frontière », et les malheureux sont massacrés sans pitié. Billaud-Varennes, membre de la Commune, encourage les égorgeurs en leur disant : « Peuple, tu immoles tes ennemis, tu fais ton devoir ».

De là les assassins vont aux Carmes, où deux cents: prêtres sont enfermés, à l'Abbaye où sont de nombreux prisonniers; partout ces infortunés sont mis à mort sans. merci, après un simulacre de jugement. L'idée fixe de ces misérables est que les aristocrates doivent égorger les femmes et les enfants des patriotes partis pour la frontière, et qu'en les supprimant ils sauvent des têtes innocentes.

Du reste, ils prétendent remplir un devoir civique etne frapper que les coupables : un jeune homme, réclamé par sa section, est déclaré pur d'aristocratie. Aussitôt il est acquitté et porté en triomphe sur les bras sanglants des exécuteurs.

M. Journiac de Saint-Méard, auquel on reproche