Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)
36 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT ments qui nous paraissent aujourd’hui absolument stupéfiants. Au mois de janvier 1790 la situation politique commence à s’aggraver singulièrement : la noblesse, peu satisfaite de la perte de ses privilèges, n'a plus qu'une idée: la contre-révolution. Elle soulève des séditions, et fomente des complots qui presque tous ont pour but d'enlever le roi de Paris pour lui rendre sa liberté. Une des plus célèbres de ces conspirations fut celle préparée par le marquis de Favras. Son but; disait-on, était d'assassiner Baïlly et La Fayette ; douze cents chevaux étaient prêts à Versailles pour enlever le Roi; une armée composée de Suisses et de Piémontais devait marcher sur Paris. Monsieur, frère du Roi, passait pour être l'instigateur du complot; il. eut beaucoup de peine à se disculper”, et ne fitrien pour sauver son complice. Favras fut livré au Châtelet.
Un autre membre de la noblesse se trouvait à ce moment soumis au même tribunal, le marquis de Besenval, qui avait fait tirer sur la foule le 14 juillet 1789, lors de la prise de la Bastille. Il fallait une victime au peuple : Besenval fut absous et Favras condamné. Son exécution fut marquée par des scènes scandaleuses. Arrivé sur la place de Grève, l'infortuné demanda à être conduit à l'Hôtel de Ville pour Y donner
4. Monsieur, informé des bruits qui couraient sur Sa parti-
cipation, se rendit à l'Hôtel de Ville, au sein de l'Assemblée de la Commune, pour protester contre de telles imputations.