Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 59

cousin; la famille a fait distribuer des billets d’enterrement. Le convoi funébre a été superbe. Un détachement de la garde nationale précédait et fermait la marche. Ils ont été ensevelis dans l’église de SaintAndré-des-Arts. Ces deux infortunés intéressaient beaucoup le public. Le eri de grâce s’est répété depuis le Châtelet jusqu’à la Grève. »

Les troubles qui agifaient Paris, et dont le terrible écho parvenait jusqu'aux extrémités des provinces, préoccupaient non sans raison les parents du jeune étudiant ; ils s'inquiétaient de voir leur fils dans la capitale, au milieu d'une situation qui paraissait si menaçante, et ils s'en ouvraient à M. Terrier. Ce dernier se chargeait de les rassurer ; à l'entendre, la sécurité dans Paris n'avait jamais été plus complète :

« Il y a eu pendant ces derniers jours, écrit-il, quelque fermentation dans la capitale, je ne vous en parle que pour vous tranquilliser, si vous aviez quelque inquiétude sur notre sûreté. Elle est tout aussi grande ici que partout ailleurs. Les ennemis du repos sont trop faibles et ses défenseurs trop forts pour que la chose publique puisse être ébranlée. Ces petites tracasseries n’inquiètent que les milices, tandis que les autres citoyens et les étrangers jouissent de la plus grande sécurité, au milieu, je dirai même à la faveur du bruit des armes. »

C'est là une note étrange et qui n’est pas isolée : elle revient à chaque instant dans la correspondance