L'école de village pendant la Révolution

112 CHAPITRE V.

n'appartient qu'aux rois, aux prêtres et à leurs esclaves de traîner leur vie orgueilleuse et lâche, de crimes en crimes, de nullités en nullités, d’abrutissements en abrutissements. » Les Epîtres et les Evangiles sont rédigés dans le même goût. La première épître est consacrée à l'éloge de JeanJacques Rousseau. Le premier évangile commence ainsi : « En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples, gardez-vous des faux prophètes qui viennent à vous couverts de peaux de brebis et qui sont au dedans des loups ravissants. Ce révolutionnaire de la Judée que l’on a fort mal à propos traité d’aristocrate avait bien raison; il connaissait les prêtres de son temps ; il prévoyait avec sagesse que les soi-disant ministres de l’'Etre suprême seraient toujours fourbes et fripons.. » Le citoyen Henriquez n’est pas loujours aussi violent ; il invite à se méfier des beaux parleurs, qui parlent pendant une heure, afin de mieux extorquer une place ; il n’éprouve aucun enthousiasme pour la politesse, et il déclare qu’il pré-

4 Voici l'Evangile sur les beaux parleurs: « En ce temps-là, un sans-culotte disait à ses frères : Méfiez-vous de ces beaux parleurs qui dans nos assemblées ont le soin de ne développer leurs opinions qu'avec une sorte de prétention et de mystère. Ceux-là assurément vous trompent. Méfiez-vous aussi de celui qui parle pendant une heure et ne fait que présenter la mème opinion. Celui-là cherche à vous séduire, il veut une place, et une fois qu'il l'aura extorquée, il se moquera de votre crédulité. » (Page 24.)