L'école de village pendant la Révolution

114 CHAPITRE V.

modéré que la Convention, et Courtois, qui avait été l’ami de Danton, n’était déjà plus un jacobin. Mais l'apprentissage de la liberté ne se fait pas en quelques années, et le Directoire, comme la Convention, restait imbu de ces idées d’omnipotence de l'Etat qui avaient été l’un des vices de l’ancien régime. L'Etat, surtout après le 18 fructidor, continua à imposer aux instituteurs certains livres à l’exclusion de tous les autres ‘; méthode regrettable, selon Andrieux, parce qu'elle devait écarter de l’enseignement tout esprit honnête et fier. « Les méthodes d'enseignement, disait-il, peuvent varier à l'infini. Veut-on que les instituteurs ne soient que des automates? Et s’il n’y a de livres que ceux prescrits par l'autorité, cette prohibition rappelle l’index de l’Inquisilion. Pour ma part, ajoutait Andrieux d’une manière un peu paradoxale, j'ai appris plus de bonnes choses dans

faire.» Séance du 14 germinal an 1v. (Réimpression du Moniteur, XXNIIT, p. 134.)

4 Et les administrations, qui les prescrivent, sont loin de les regarder comme parfaits. « Nous n'avons pas encore de bons livres élémentaires, dit celle de l’Aube en 1798. Il faut extraire des ouvrages connus ce qui est à la portée de cet âge. Ce choix doit être l’œuvre du jury. Les fables d’Esope et de La Fontaine, où la morale est en action, quelques-unes des lettres de Chesterfeld, les pensées de La Rochefoucauld, la grammaire de Lhomond, l’Ami de la jeunesse de Filassier, l'arithmétique d'Emile de Develay, l'œuvre posthume de l'illustre Condorcet, etc, peuvent lui fournir des matériaux précieux. (Extrait du registre des dél, de l'Adm. centrale de l'Aube, 5 nivôse an vu, p.10.)