L'école de village pendant la Révolution

L'ENSEIGNEMENT ANTIRELIGIEUX. 115

leslivres qu’on nous confisquait au collège que dans ceux que l’on nous mettait entre les mains !. » Cette boutade était exacte, si on l’appliquait aux livres prohibés dans les écoles primaires. Quelque insignifiants qu'ils pussent être, ils étaient à coup sûr moins pernicieux que les Æpitres et Evangiles du républicain. On conçoit l’indignation des parents qui avaient conservé leurs croyances religieuses, en voyant l'Etat recommander de pareils livres, et les mettre de force entre les mains des enfants. Au risque de compromettre l’instruction de ceux-ci, ils les retiraient des écoles publiques et s’adressaient, comme nous le verrons plus loin, à des maîtres qui n'avaient point reçu l'investiture officielle, mais qui avaient conservé les anciennes méthodes et les principes anciens. Faut-il s'étonner ensuite si l’on signale, en mars 1796, « la décadence rapide et presque spontanée des établissements actuels d'instruction publique, qui dans toute la France dépérissent comme des plantes sur un terrain nouveau qui les rejette... » C’est Barbé-Marboïs qui parle ainsi, et il trace un tableau saisissant des résuitats constatés. « Depuis l’époque où Talleyrand proclamait linstante nécessité d'organiser l'instruction publique, cinq ans se sont écoulés, disait-il, et l’enseignement et l'instruction ont toujoursrétrogradé. Les enfants qui avaient huit à neuf ans, quand

1 Moniteur, an vu, n° 215.