L'école de village pendant la Révolution

122 CHAPITRE VI.

sait aux époux un discours sur leurs devoirs, la moralité et la conduite. Les enfants récitaient ensuite ce qu'ils savaient des Droits de l’homme, et la fête se terminait par des hymnes patriotiques chantés avec plus ou moins d'ensemble.

Il était difficile d'imprimer à ces cérémonies le caractère de respect qui leur faisait défaut. Dans les villes, les sceptiques et les malveillants les troublaient par leurs railleries. A Paris, l'orchestre chargé de rehausser par ses accents la solennité du mariage jouait des refrains de circonstance, comme Allez-vous-en, gens de la noce!. Ne s’avisat-il pas, lors de l'union civile d’un nègre avec une blanche, d'exécuter un air alors à la mode : L’ivoire avec l’ébène fait de jolis bijoux. Un jeune homme épouse une femme âgée. L’orchestre d’entonner avec verve le refrain : Vieilles femvmes, jeunes maris feront toujours mauvais ménage! Et le public de rire et d’applaudir*! À Condrieu, dans le Rhône, on se plaint aussi des éclats de rire im-

modérés et scandaleux des mariés®. Dans les campagnes, c'était moins gai. Les paysans, à qui l’on interdisait de travailler le décadi*, ne compre-

1 Mes Tableties ou Notes politiques, commerciales et littéraires. Du 14 floréal an 1v, 3 mai 1796 (v. s.), p. 54.

? Adolphe Schmidt, Tableaux de la Révolution française, Leipzig, 1870, III, 411.

3 Archives nationales, A. F. III, Dossier 503. Lettre du 7 pluviôse an vrr.

4 Un grand nombre d'habitants de Bassuet sont condamnés