L'école de village pendant la Révolution

LES FÊTES DÉCADAIRES ET NATIONALES. 133

la fête de la Reconnaissance, les parents des défenseurs de la patrie se plaignirent amèrement de n’avoir reçu aucun secours depuis longtemps. Et le commissaire ajoutait en gémissant : « On ne se fait pas une idée de l'insouciance des campagnes pour ce qui regarde la république. »

A l’époque de l'assassinat des plénipotentiaires de Rastadt, on essaya de galvaniser l'esprit publie par des cérémonies civiques d’un caractère tragique. Au milieu de l’église du bourg ou du village convertie en temple, on éleva un cénotaphe, et le président du canton prononça, en face de ce cénotaphe, une imprécation que l’on qualifiait « d’auguste et de terrible.» — Le peuple français, disaitil, voue le tyran d'Autriche aux furies; il dénonce ses forfaits au monde indigné. Guerre à l'Autriche. Vengeance ! — Et le peuple répétait le mot Vengeance, ici aux accents d’une musique « déchirante », là aux « sons aigus et perçants de l'orgue.» À Chaource, le président débita un discours si pathétique que les assistants furent remués au point de pousser des sanglots. Un «silence muet et immobile » s’ensuivitet précéda le chant des hymnes patriotiques. À Bar-sur-Aube, on fut moins ému; car la cérémonie se termina le soir par une comédie *.

4 Rapports de prairial an v (juin 1797) et de thermidor an vi. Arch. de l'Aube, L. 1549, 1433 et 1480.

2 Procès-verbaux de Polisy, de Rosnay, de Chaource; etc: Archives de l’Aube, L: 1433: