L'école de village pendant la Révolution

142 CHAPITRE VII.

former au serment prescrit par la loi du 18 fructidor ‘, dit-on dans l’Aude, n’ont abandonné leurs fonctions que pour prendre celles d’instituteur ; tous les partisans de la royauté se pressent à l’envi de leur confier leurs enfants*.— Un fonctionnaire du Doubs dira de son côté : « Je n'ai pas d’espoir que l'instruction reprenne aucune faveur, tant qu’elle sera confiée aux ministres du culte ÿ. »

Un cordonnier de Laplume (Lot-et-Garonne), qui écrit mieux que beaucoup d’instituteurs de son temps, se plaint aussi des prêtres enseignants. « Ils ôtent, dit-il, ainsi à l’instruction primaire dans les campagnes tous leurs élèves. Ils ne manquent pas de tourner les instituteurs en ridicule, disant qu’ils n’enseignent ni le catéchisme, ni à répondre à la messe... » Et le cordonnier d’ajouter ce détail assez curieux sur l'influence conservée par les prêtres dans cette partie de la France : « Des ministres du culte sortent de chez eux en habit noir et donnent des coups du bout de leur canne aux portes des personnes qui leur sont affidées, pour leur annoncer qu’ils vont à l’église remplir leur ministère {.»

1 Par l’article 25 de cette loi, les prétres étaient tenus de prêter le serment de haine à la royauté et à l'anarchie. (Bulletin des lois, n° 1400.)

? Archives nationales, A. F. III, 494.

8 Sauzay, X, 678.

4 Lottre de frimaire an vir. Arch, nationales, A, F. III, 494.