L'école de village pendant la Révolution

LA CONCURRENCE DES ÉCOLES LIBRES. 147 le très mauvais esprit, l'esprit perverti, de plus en plus perverti, c’est-à-dire de moins en moins républicain, qui règne dans les campagnes.

Il en résulte que les instituteurs publics sont réduits à la condition la plus précaire. « Les pères et les mères, dit un instituteur de l'Yonne, ne veulent pas envoyer leurs enfants à l’école par la raison des nouveaux livres. En effet, où je devrais avoir en ce moment-cy 80 élèves, j'en ait (sic) déjà onze à 10 sous par mois chacun ; ce qui me fait par conséquent la somme de 5 Liv. 10 sous par mois pour me nourrir, mon épouse et mes six enfants. Vous ne devez pas douter que plusieurs de mes collègues sont dans le même cas que moi. » À Recey-sur-Ource, dans la Côte-d'Or, l’instituteur se plaint de recevoir 20 centimes des parents des élèves et d’être sous leur dépendance. « Laissez revenir les écoles de campagne à leur ancien régime, écrit-il aux Cinq-Cents, ou pressez-vous de donner aunouveau plus de stabilité et demoyens.» Et cet instituteur ajoutait, dans un style aussi peu français que mal orthographié, que je suis obligé de redresser, qu’il avait été forcé d'employer les livres proscrits par la loi, parce que la race du fanatisme (c’est-à-dire les prêtres) avait eu le dessus jusqu'à ce moment. Sa rétribution n’est que de 150 livres. La cause en est à son patriotisme ; c’est son patriotisme qui fait son malheur. Dans

1 Sauzay, t. X, p. 623 et suiv,