L'école de village pendant la Révolution

LA CONCURRENCE DES ÉCOLES LIBRES. 451

d'éducation primaire, exercent une funeste influence sur la jeunesse. On a souvent souri de la Civilité puérile et honnéte que les pédagogues d’autrefois mettaient entre les mains des enfants; mais ce petit Livre ne cherchait-il pas à élever le rustre au-dessus des habitudes grossières où il aurait grandi, en lui enseignant la civilité, qui n’est autre chose que la forme extérieure et individuelle de la civilisation ? Voyez, lorsque les écoles sont fermées, ce que deviennent les enfants. Cambry nous les montre, sur les places publiques et dans les carrefours de Quimper, livrés à un abandon presque total. « Quel ton, dit-il, quelle attitude, quels jurements ! Leurs mœurs se corrompent, les préjugés s’ancrent dans leur esprit !. » L’administration municipale d’une commune du Tarn en trace un portrait plus sombre encore et que je veux croire exagéré. « En général, dit-elle en 1798, les enfans sont devenus vicieux, féroces, atroces, sanguinaires ; ils se livrent à toutes sortes d'excés ; ils méprisent les auteurs de leurs jours, suivent leurs penchants funestes ; aux vices succèdent les crimes... » Le tableau est poussé au noir, et il faut se défier un peu d'administrateurs qui attribuent le succès de la réaction thermidorienne au manque d'éducation de la jeunesse ?; comme

4 Voyage dans le Finistère en 1794, IT, 227. ? Lettre de l'administration de Vielmur au conseil des CinqCents, du 3 ventôse an vi. Arch. nationales, A. F. III, 494.