L'école de village pendant la Révolution

LA CONCURRENCE DES ÉCOLES LIBRES, 453

Le conseil des Cinq-Cents s’émut de ces plaintes multiples; à diverses reprises, la question de l’instruction primaire fut mise à l’ordre du jour; une grande commission fut nommée ; un rapport fut déposé et discuté; de nombreuses propositions furent soulevées, examinées, appuyées, ajournées. On se préoccupa surtout de ramener l'instruction aux principes républicains. Un député prétendait faire condamner à la déportation perpétuelle les instituteurs et les institutrices qui ne possédaient pas l’amour de la république et de ses lois; un autre voulait exclure de l’enseignement, comme sous la terreur, les anciens prêtres et les anciennes religieuses '. Celte mesure, qui fut repoussée comme la précédente, pouvait atteindre des prêtres qui, après avoir prêté le serment constitutionnel ou renié leur caractère ecclésiastique, s’étaient voués à l’enseignement, en adoptant les doctrines nouvelles. Tel était un curé de la Sarthe, dont la réputation de patriote suffisait pour éloigner les élèves de l’école qu'il dirigeait? ; tel était un instituteur de Montignac, qui tout en se vantant de s'être « débarassé de l’incrustation sacerdotale », réclamait contre l’article du projet de loi qui ôtait aux anciens prêtres le droit d’ensei-

4 On les atteignait également, en ne voulant admettre à enseigner que ceux qui étaient veufs ou mariés. (Réimp. du Monileur, XXIX, 162, 200, 222.)

? Armand Bellée, p. 274,