L'école de village pendant la Révolution

158 CHAPITRE VIL.

the recommanda dans les termes les plus vifs l'exécution de l'arrêté du 17 pluviôse. Elle reproduisit les théories de Danton en disant : « En vain les parents se persuaderaient-ils que léducation de leurs enfants doit être laissée en proie à leurs opinions et à leurs caprices ; qu’ils sachent que ces enfants appartiennent à la patrie encore plus qu’à leurs parents!...» Elle ne dissimule pas son but réel, en prescrivant « de prendre des mesures efficaces pour tarir les sources du royalisme, qui, de toutes parts,. infectent et corrompent la génération naissante !. »

L'arrêté, dont on recommandait l'exécution en ces termes, fut appliqué avec une sorte d’ardeur révolutionnaire, surtout dans les villes, où le nombre des écoles privées s’était singulièrement multiplié. C’est ainsi qu’à Bar-sur-Seine on se rendit un jour de décadi chez une bonne femme, qui gardait une douzaine d'enfants âgés de quatre à neuf ans. L’agent municipal et le commissaire du directoire veulent voir les livres dont elle se sert pour l’enseignement; la maitresse d'école, après avoir hésité pendant quelque temps, leur donne un catéchisme du diocèse de Langres et un abrégé du nouveau testament. Les fonctionnaires lui déclarent que ces livres ne sont adoptés ni par le jury ni par le gouvernement. La maitresse d'école leur répond que les cultes sont

i Armand Bellée, p. 40.