L'école de village pendant la Révolution

LA CONCURRENCE DES ÉCOLES LIBRES. 159

libres; ce qui lui valut des observations du commissaire du directoire. Les délégués se rendirent aussi chez une autre citoyenne, qui gardait des enfants de un à quatre ans, et qui n’avait d'autre livre qu'un A. B. C.!. On ne dit pas si c'était un abécédaire républicain ou d’ancien régime.

La guerre aux écoles libres, c’est le mot d’ordre des administrations. On demande dans le Doubs à ceux qui dirigent les écoles de prêter le serment de haine à la royauté, et en cas de refus, on leur interdit d'enseigner. On fait constater d’une manière officielle quels sont ceux qui tiennent leur école ouverte le décadi, et on s’empresse de la faire fermer ?. À Beaumont-sur-Sarthe, on décide la clôture d’une classe tenue par deux sœurs de charité, uniquement parce que leurs principes antirépublicains sont connus. Mais ces mesures arbitraires nuisent à l'instruction sans profiter aux écoles publiques. « Les pères et les mères, dit-on, préférent laisser croupir leurs enfants dans l’ignorance plutôt que de leur donner l'instruction républicaine, parce que l'administration a fait fermer les écoles particulières qui lui étaient connues, et

4 Procès-verbal du 30 thermidor an v1 (17 août 1798). Arch. de l'Aube, L. 1480.— M. Arsène Thévenot a publié un tableau des écoles de Troyes, avec de curieuses annotations sur les maitres, du 25 froctidor an vr. (Hist. de l'Instruction primaire à Troyes depuis la Révolution. Annuaire de l'Aube, 1880, p. 61-64.)

? Sauzay, X, 427 et 610. =