L'école de village pendant la Révolution

160 CHAPITRE. VII.

dans lesquelles on ne professait que des principes contraires à la constitution !, »

Les administrations départementales voulaient aussi se faire renseigner, en adressant à tous les commissaires du Directoire exécutif auprès des municipalités de canton, des questionnaires d'après lesquels ils devaient dresser le tableau de l'esprit public dans leur canton*. Dans PAube, la plupart de ces commissaires envoyèrent, dans l’été de 1798, des réponses à peu près unanimes sur l'état déplorable de l'instruction primaire, et sur l'impuissance des efforts administratifs pour faire prévaloir l’enseignement républicain et anti-chrétien. Si l’on signale sur quelques points l’observation du décadi et l’obéissance aux décrets, l’opinion générale peut se résumer dans cette phrase du commissaire d’Arsonval : « Les talents et la moralité des instituteurs de la jeunesse, les principes qu'ils professent et les progres de leurs élèves sont exactement les mêmes qu’ils étaient avant la révolution, à moins qu’on ne dise qu'ils ont dégénéré.» « Je vois avec peine, dit-on à Coclois, qu’au lieu de sages instituteurs de la jeunesse, nous n'avons encore que des recteurs d’école, piliers de lutrins, plus dévoués aux ordres

1 Armand Bellée, p. 248 et 279.

2 Ces questionnaires pouvaient donner lieu à des rapports mensuels. Voyez ceux dont M. Sauzay a publié des extraits. (Hist. de la Persécution révolulionnaire dans Le Doubs, t. X, p. 587-692.)