L'école de village pendant la Révolution

174 CHAPITRE VIII.

mentée, tandis qu'elle la diminuée dans les villes! » L’assertion de Siméon était exacte. La suppression des droits féodaux, la réduction de l'impôt foncier avaient porté leurs fruits, et si les campagnes avaient souffert particulièrement des réquisitions militaires et du maximum, si elles avaient ressenti le contre-coup de lincapacité administrative du directoire, il est incontestable que l’aisance du paysan tendait de jour en jour à s’accroître *. Ses propriétés ne s'étaient pas toujours accrues, car les biens nationaux, mis les premiers en vente, avaient été achetés surtout par des bourgeois ; mais il se sentait plus que par 1e passé le maître de ses propriétés. Il n’était pas devenu plus instruit, mais il éprouvait peut-être davantage le désir et le besoin de le devenir. On disait bien en 1799 que la révolution avait laissé les ignorants dans une nuit plus profonde que jamais, et qu’elle avait agrandi l’espace entre l’homme instruit et celui qui ne l'était pas. « Sur la masse populaire, ses efforts ont été stériles, ajoutait-on ; cette masse est restée la même. » On disait aussi que « les enfants des riches avaient pu seuls s’instruire pendant cette période, tandis

4 Arch. Parlementaires, ® série, IT, 541.

2 Monteil attribue en partie cette aisance au papier-monnaie, qui fit décupler le prix des denrées. (Descript. du déparlement de l'Aveiron, II, 280.) — Voir aussi: Un Séjour en France de 1792 à 1794, trad. par H. Taine, 1879, p. 9.

3 Discours de Bonnaire (du Cher). Monüleur, an vir, n° 216.