L'école de village pendant la Révolution

LES RÉSULTATS. 175 que les enfants des ouvriers et des artisans, privés de toute instruction, devenaient plus grossiers, plus vicieux et plus méchants !. » Il était trés vrai que sous ce rapport les classes populaires avaient souffert plus que les autres ; mais les grands évènements, dont elles avaient ressenti les atteintes, les avaient fortement secouées, et si elles n’en étaient pas plus éclairées, elles avaient été du moins éveillées par leur choc. Dans un département où, comme ailleurs, le tiers des écoles primaires avait à peine été ouvert, un observateur sagace et digne de foi disait que les connaissances étaient devenues plus populaires, et que la langue des villages s’était enrichie de mots scientifiques. « Les familles, qui ne lisaient à la veillée, dit-il en 1802, que les almanachs de Marseille et de Milan, ont maintenant pour s'endormir les articles de la Haye, de Francfort et de Munich ?. » Le journal commençait en effet à pénétrer dans les campagnes ailleurs que chez les nobles, les prêtres et les gens de loi; il s’y était répandu surtout depuis les premières années de la révolution, où l’on avait distribué de toutes parts des publications rédigées spécialement pour les paysans, telles que la Feuille villageoise, dirigée par Cerutti, Ginguené et Rabaut Saint-Etienne,

1 Dictionnaire pédagogique, % p., p. 267. ? Alexis Monteil, Description du département de l'Aveiron, Paris, an x, t, II, p. 282,