L'école de village pendant la Révolution

UN MAITRE D'ÉCOLE PEINT PAR LUI-MÊME. 193 Ce maître d'école n'était pas un personnage fictif. I ÿ avait à Mesnil-Saint-Loup en 1788 un recteur d'école qui s'appelait Bernard Penard, C'est évidemment le correspondant du journal. Mais si ses talents, tels que son style nous les révèle, étaient au-dessus de la moyenne, ses ressources pécuniaires étaient bornées. Le curé de son village écrivait le 1% juin 1788 aux syndics de l'assemblée d'élection de Troyes : « Il n'y a qu'un maitre d'école pour tous les enfants des deux sexes et qui est à la charge de la paroisse, d'autant qu'elle le loge et lui donne deux boisseaux de bled soigle pour chaque laboureur et un par chaque manouvrier. Ce qui compose tout son revenu. » Ce revenu peu considérable dépassait les 24 écus dont parle Penard. Mesnil-Saint-Loup, qui renferme aujourd'hui 365 habitants, contenait 54 ménages ou feux en 1788; sur ces ménages, on comptait 21 laboureurs ct 46 manouvriers, parmi lesquels 6 tisserands et 3 bonnetiers !. 2 boisseaux par laboureur et 4 par manouvrier formaient un total de 58 boisseaux de seigle, qui au cours du marché de Troyes du 20 juin 1784, valaient en moyenne 45 sous le boisseau chacun et en tout 130 livres 10 sous. Ajoutez à cela le logement, peutêtre les rétributions scolaires, à coup sûr le casuel du sacristain et du sonneur, assez considérable à cette époque où l'on multipliait les services funèbres, et l'on arrivera à un total, sans doute peu rémunérateur, mais plus élevé que ne l’affirme notre maitre d'école. Ajoutons que Penard, compris dans la quatrième classe des contribuables, payait, en 1788, 21.15. de 4 Archives de l'Aube, C. 1552 et 1553. a