L'école de village pendant la Révolution

240 PIÈCES JUSTIFICATIVES.

Le commissaire veut bien alors parler des campagnes : « Jetez un regard paternel, dit-il, sur la jeunesse des campagnes ; son âme est moins facilement atteinte de la corruption des villes ; elle est pure comme l'air des champs qu'elle respire. (!) C’est surtout pour elle que la loi du 3 brumaire an IV est un bienfait. Formons son cœur à la morale des vertus. Le vrai bonheur consiste dans la paix de l'âme, etc., etc. Sans être austères comme les Spartiates, soyons magnanimes comme les Grecs, vertueux comme les Romains, aimables comme les Français. »

Après cette flatteuse invitation, le commissaire nous apprend que « l'éducation des républiques diffère entièrement de celle des monarchies. » La première (je résume les phrases) répand les lumières; la seconde nourrit les erreurs. Aussi un chancelier de France voulait-il « détruire tous les maîtres d'école du royaume. » On ne dit pas quel était ce chancelier et quels moyens il aurait employés pour détruire ces pauvres maîtres d'école. « Un paysan qui ne sait ni lire, ni écrire, continue notre commissaire, est dans la dépendance du premier frippon (sic) qui veut abuser de sa confiance ; et un gouvernement sage ne doit pas laisser aveugles ou estropiés les neuf-dixièmes des habitants. Sous le règne de l'égalité, nous détruirons cette dépendance choquante.. en portant l'instruction jusque sous le chaume des campagnes...» Cela voulait dire que les neuf-dixièmes de la population étaient dans l'ignorance et que l'on n'avait pas même porté l'instruction sous le chaume avant le directoire. Un langage aussi contraire à la réa-