L'administration française dans les pays yougoslaves (1809-1813)

10 BOGUMIL VOSNIAK.

esquisse le paysage slovène comme peut-être personne ne l'a fait ni ne le fera.

Mais l'œuvre de ces serviteurs dévoués de l'Empire fut entravée par des -difficultés presque insurmontables. En peu d'années les conséquences d'un régime déteslable, qui avait duré des siècles, ne purent pas être aholies.

Il est impossible de retracer en détail les actes de l'administration française. L'analyse du décret du 15 août 1811, qui fut la base juridique de l’administration nouvelle, serait une œuvre bien intéressante. Nous devons nous borner à constater quelques traits essentiels.

IL y eut, dans le système administratif illyrien, un dualisme dangereux : on voit naître entre le militaire et l'agent civil des conflits causés par le décret qui créa un chef militaire maïs centralisa Loute l'administration dans les bureaux de l'Intendant Général des Finances, qui exerçait les fonctions d'un Préfet de l'Empire. Un des traits principaux est celui-ci : le Gouvernement de Paris s’immisce

dans les détails les plus minutieux de l'administration illyrienne. Le”

budget de Kranj, petite ville provinciale de la Carniole, a dû être sanctionné à Paris et le bureau parisien a dû décider si le garde de nuit mérite vraiment 100 franes par an. (Archives nationales, °° 63, 67, 69.)

Ce qu'on doit reprocher à l'administration de l'Empire c'est qu'elle était centraliste à outrance, imbue de la conception d’un homme abstrait qui serait le même dans tous les pays. Les administrateurs français étaient pleins d'un mépris sincère pour tout gouvernement local. La commune n'avait aucune liberté d'action; elle était l’humble servante de l'État. La nomination des maires était contresignée par le Gouverneur général. Les villes chefs-lieux des provinces n'étaient pas administrées par leurs citoyens élus, mais par des commissions communales que nommait l'Empereur lui-même. Napoléon ne voulait pas d’un régime fondé sur l'énergie propre du peuple et sur sa capacité de gérer ses affaires. Un gouvernement local bien organisé eût été le contrepoids nécessaire de l'administration centralisée:

Les agents français qui vinrent organiser l'Illyrie étaient imbus de l'esprit égalitaire de la Révolution. Cet esprit tua le féodalisme autrichien et les États de la Carniole et de Gorice périrent sous les coups des nouvelles idées politiques. Les États de Gorice disparu-