L'administration française dans les pays yougoslaves (1809-1813)

L'ADMINISTRATION FRANÇAISE DANS LES PAYS YOUGOSLAVES.

rent pour toujours. Ceux de la Carniole, rélablis après la chute de l'Empire par l'Autriche trainèrent une existence languissante jusqu'en 1848.

Les Français créèrent l'égalité de tous devant la loi, fait inouï pour ces pays opprimés par l'ancien régime de l’Autriche et de Venise. Les privilèges de l'aristocratie furent abolis. L'administration fut arrachée aux mains des possesseurs féodaux des terres. Elle passa sous l'autorité de l'État. Ce fut un coup terrible pour les représentants de l'ancien régime, du féodalisme agraire. Le servage de caractère purement personnel fut aboli. La grande tâche de l’abolilion complète des droits féodaux ne pouvait pas être réalisée fout de suite. Les Français étaient bien convaincus de ne trouver un véritable appui que dans les masses paysannes et Fouché pouvait écrire à l'Empereur : « Les grands seigneurs seuls regreltent en Illyrie la fin de la domination autrichienne ». Les intendants conseillaient de tout faire pour le paysan qui avait été exploité sous les Autrichiens par l'aristocratie étrangère. I fallait anéanlir la prépondérance économique de l'aristocratie. Le peuple devait avoir ses droits. La voix des agents français fut entendue à Paris. On forma en Croatie une commission qui jugea les contestations entre seigneurs et paysans. Un des Intendants écrit dans son rapport : « Bientôt les gens seront libres de la servitude, ils deviendront des hommes vivant dans la société humaine! » Le grand but de la domination francaise était de fonder une société empreinte des idées de la Révolution. Le Gouvernement central ne perdit jamais de vue ces idées el si quelque agent voulut favoriser les seigneurs il le rappela aussitôt à l'ordre.

L'introduction du Code Napoléon marqua une réforme législative dans les conditions sociales de l'Illyrie. L'individualisme du Code fut en contradiction avec les traditions légales et économiques de ces pays. Le régime foncier fut profondément altéré par les nouvelles lois.

Les relations entre l'État et l'Église subirent un changement sérieux. Le mariage n'était plus indissoluble comme sous le régime autrichien; le mariage civil fut introduit. Tous ces changements renversèrent l'ancien ordre des idées sociales et religieuses.

1. Archives nationales, F°° 62,