L'administration française dans les pays yougoslaves (1809-1813)

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slovène, en ces temps sombres, est l’histoire de ces masses populaires qui vivaient une vie séparée, ne participant pas aux grands destins des États. Mais dès que des mouvements sociaux décisifs ébranlent la société, les masses slovènes affirment leurs droits à l'existence. Ces mouvements sont la Réforme et la Révolution.

Les pays slovènes sont au cœur de l'Europe et l’on conçoit sans peine que la Réforme devienne pour les Sloyènes le point de départ d’une renaissance des esprits, renaissance modeste mais bien caractéristique en ce qu’elle donne une nouvelle direction à l’évolution nationale. La Réforme tire les Slovènes de leur sommeil. Des hommes de caractère comme Trubar, Vergerius, Flaccius Illyricus éveillent une nouvelle vie religieuse et intellectuelle. L'aristocratie de la Carniole soutient le mouvement. La Bible est traduite en langue vulgaire d'après le texte de Luther. La Slovénie devient le centre de la propagande évangélique chez les Croates et les Serbes et même chez les Polonais. Une grammaire, des livres slovènes paraissent au cours des années les plus orageuses de la lutte entre Rome et les protestants. Cependant cette Renaissance est vouée à une mort prochaine; la Maison des Habsbourg travaille à chasser des pays Slovènes la nouvelle religion. Les livres nationaux, toute une liltéralure jeune et populaire, sont brûlés publiquement et l’on assiste aux persécutions les plus cruelles, qui aboutissent à l'extinction du mouvement protestant. Pourtant l'œuvre du protestantisme ne fut pas vaine. Sous les cendres couvait le feu qui devait, dans un temps plus propice, raviver la flamme nationaliste.

La réaction catholique éteignit le nationalisme slovène. Pas d'aristocralie ni de bourgeoisie; le prêtre fut longtemps seul à représenter les classes cultivées.

Pendant les années qui précèdent la Révolution cummence dans les pays slovènes un mouvement littéraire. Au généreux Zois l’on doit la formation, en Carniole, d'un petit groupe d'écrivains; il recevait dans son cénacle le prêtre libéral Vodnik, le premier véritable homme de lettres et journaliste national qui, en 1797 commence à publier le journal « Lublanske novice » dont il écrit lui-même chaque ligne. Vodnik a une grande culture, mais il est gai: c'est un humoriste, c'est le vrai « zadovoljni Kranjec », le Carnolien Loujours content dont parle une de ses chansons les plus réussies. Mais quand