L'Affaire Naundorff : le rapport de M. Boissy d'Anglas, sénateur

EXAMEN DES PREUVES 133

tivement restreint, assigné à ces premières épreuves du génie balistique du prétendu Naundorff et avaient jeté un grand trouble dans les sphères gouvernementales de la France (4). Aussi, lorsqu'on apprit le nom fatidique de l'inventeur, on crut devoir s'opposer, par voie diplomatique, à ce qu'il gagnât ainsi honorablement le pain quotidien pour sa famille et pour lui-même.

Une lettre du colonel de Seelig, gouverneur de l'Académie militaire de Bréda, trahit, à cet égard, d'étranges immixtions de la part du Gouvernement de Louis-Philippe, qui avait eu le triste courage de créer une origine fausse à l’infortuné prétendant, en inventant, sans l'ombre d’une preuve, et en faisant un faux, qu'il était d’origine juive et polonaise (nous avons raconté dans la première partie de notre travail cette odieuse et incroyable machination) (5), mais n'avait pas eu le courage de le juger lorqu'il eut lui-même régulièrement inscrit au rôle du tribunal de la Seine son procès en revendication d'état.

Voici, pour en revenir au point que nous traitons en ce moment, ce qu'écrivit le gouverneur de l’Académie militaire de Bréda à l'avocat Van Buren:

Les Excellences de la Justice et des Affaires étrangères sont dans l'embarras à cause de cette affaire et en opposition avec d’autres intérêts. Je suis très curieux de connaître

votre conférence avec la première de ces Excellences, et j'ai la confiance que vous direz une parole énergique pour le

4. Ne croyez pas cela. Ce passage est oratoire. — La suite, également. 5. Et nous l'avons, nous, réduite à ses propor-

tions exactes.

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