L'Affaire Naundorff : le rapport de M. Boissy d'Anglas, sénateur

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154 EXAMEN DES PREUVES

S'ils ont cru devoir s'adresser à votre justice, c’est qu'ils se rendent fort bien compte que leur nom peut, au premier abord, paraître inquiétant pour la République, et qu'ils veulent dissiper toute crainte par un débat

public.

Ils ont signétous les trois la déclaration solennelle suivante que j'ai remise, sur leur prière, entre les mains du Garde des Sceaux. Elle paraîtra pleinement rassurante à ceux qui redoutent d'augmenter le nombre des prétendants à la couronne de France.

Paris, le 3 mai 1908. MonsIEUR LE SÉNATEUR,

Nous supposons, d'après ce que vous avez bien voulu nous faire connaître de vos démarches, que le moment approche où le Gouvernement français consentira à s'occuper de définir notre nationalité.

Nous venons donc vous déclarer, pour faciliter ces démarches et pour détruire, par avance, toute accusation d’arrière-pensée relative à notre loyauté et à notre bonne foi envers la République, que nous désirons nous engager, préalablement, par écrit, vis-à-vis d'elle et dans la forme ci-après:

Au cas où le Gouvernement de la République francaise, mû par un sentiment d'humanité et de justice. viendrait à reconnaître notre filiation directe du roi Louis XVI par Louis XVII, ainsi que la nationalité francaise que nous revendiquons, nous nous engagerions, non seulement sur l'honneur, mais encore par écrit, sous un texte qui pourrait nous être présenté, à ne jamais rien faire qui soit ou puisse sembler de nature à nuire aux intérêts et à la paix du régime établi, c'est-à-dire au Gouvernement de la République française ; et en outre à désapprouver, de façon parfaitement nette, tous actes subversifs qui pourraient émaner de royalistes légitimistes ignorant notre situation vis-à-vis de l'État francais, et, de ce fait, croyant de notre part à un désir de Restauration que nous n'avons nullement, vous le savez.

Vous comprendrez, nous en sommes certains, notre désir