L' Atlantide : exposé des hypothèses relatives à l'énigme de l'Atlantide : avec 23 figures et cartes

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ber à cette tâche. A ce point que dès hier, en arrivant d'ici chez Critias au logis où il nous héberge, et même avant, tout le long du chemin, nous avons examiné justement tout cela. Or, Critias nous fit alors un récit, d’après d’anciennes traditions. Ce récit, Ô Critias, reditesle maintenant à Socrate, afin qu'il juge s’il est ou non utilisable pour ce qu’il nous a prescrit.

CriTIAS. — Oyez donc, Socrate, une histoire très singulière, mais absolument vraie, à ce que dit une fois Solon, le plus sage des sept sages. Il était, tout ensemble, parent de Dropidès, mon arrière-grand-père, et fort son ami, comme il le dit lui-même, à maintes reprises, dans ses vers. Il raconta donc à Critias (1), mon aïeul, comme ce dernier, dans sa vieillesse, aimait à s’en souvenir devant moi, que de grands et merveilleux exploits accomplis par cette cité-ci étaient tombés dans l’oubli, par l’effet du temps et de la mort des hommes. Et l’un de ces exploits était le plus grand de tous. Peut-être, nous le remémorer conviendrait-il, à la fois pour vous rendre grâces et pour célébrer dignement et vraiment la Déesse, en ces jours de fête, tout autant que si nous chantions un hymne à sa louange.

SOCRATE. — C’est bien dit. Mais quel est cet exploit que Critias rapporta, non comme une simple fiction, mais comme un haut fait réellement et anciennement accompli par cette cité, d’après ce qu'il avait entendu de Solon?

CRITIAS. — Je vais vous la dire, la vieille histoire que j'ai entendue de la bouche d’un vieil homme. Car Critias était alors, à ce qu'il disait, près de ses quatre-vingt-dix ans, et moi, j'avais tout au plus dix ans. Nous nous trouvions le jour de Couréotis, pendant les Apatouries (2). La cérémonie se déroula cette fois-là comme de coutume, pour nous autres enfants. En effet, nos pères nous proposèrent des concours de récitation. On débita force poèmes de force

1. T1 s’agit de Critias l'Ancien, grand-père du tyran Critias. Il était fils de Dropidès, parent ou ami de Solon. Le père de Platon avait épousé Périctioné, petite-fille de Critias l'Ancien et sœur du tyran. Platon tire occasion de ce récit pour faire diserètement valoir la noblesse de son origine.

2. Fête ionienne, célébrée pendant trois ou quatre jours du mois de Pyanepsion (octobre). Le troisième jour, on fêtait l'admission des jeunes gens dans les phratries.

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