L'atomisme d'Épicure

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nalité (x). D'ailleurs c'est du temps perdu de discuter si Lucrèce a seulement développé les théories d’Epicure ou s’il les a modifiées par ses propres déductions, car lui seul déclare clairement être le premier qui ait traduit en langue latine le système matérialiste (2). Que Lucrèce ait été seulement le partisan d'Epicure,-et non un penseur original, on le voit le mieux par ses reproductions très exactes des Passages conservés d'Epicure. Ni par les idées, ni par les argumentations, Lucrèce ne s'éloigne pas de son maître. Toute sa liberté conSistait peut-être à ajouter quelque exemple de son expérience et de son érudition, et à réfuter quelque objection faite à Ja docirine du maître. Mais c'est à Lucrèce seul que reviennent le style vivace et Ja poésie: L'enthousiasme et les accents passionnés du poète rendent plus attrayante la Physique compliquée de son maître. Rafraïchi par les hexamètres de Lucrèce, l'atomisme d'Epicure a le charme poétique des fragments de Xénophane, de Parménide et d'Empédocle. Car les déductions originales d'Epicure, formulées d'une façon obscure et pénible, ont reçu une agréable abondance dans les vers de son disciple. Mais quoiqu'il ait vivement ressenti Ja philosophie du maître, quoiqu'il l'ait exprimé en vers éminemment ins: pirés, Lucrèce reste. néanmoins l'épigone d’Epicure, le fondateur d'un grand système.

Du fait que Lucrèce a mis'en vers seulement la Physique

(1) CE Sen. Epist. 53,4. Zeller considère que nous devons être sûrs de rencontrer dans l'enseignement de l’école épicurienne l'enseignement de son fondateur, les disciples ayant suivi aveuglément les (races de Jeur maïlre. C’est pourquoi Zeller condamne la stérilité philosophique des Epicuriens (CE Die Philosophie der Griechen, II Theïl, I Abtheïlung, 5 Aull., p. 578-380). Ï

(2) CE De R. N. V, 555-557. Mais Lucrèce oublie qu'avant lui le Romain €. Amafinius à exposé en Jatin la doctrine d'Épicure, surtout sa Physique (CË Tusc. IV, 3, 6, où Cicéron exagère en disant que les livres d'Amalinius enfraïnèrent la mullitude vers la philosophie d’Epicure. Voir aussi Cic. Acad. I, 2,5): ‘

Ignorant certainement ces faits, Joyau, dans son livre très peu appyofondi sur notre philosophe, pense que dans le poème de Lucréce on ne doit pas étudier Ja Physique d'Epicure, les disciples ayant donné à la doctrine du maître la physionomie scientifique qui lui avait manqué (£picure, Paris 1912, p: 89). Pour son allirmation Joyau ne cite aucune preuve.