L'Autriche et la Hongrie de demain les différentes nationalités d'après les langues parlées : avec de nombreux tableaux statistiqes et 6 cartes ethniqes
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devenu fou, s’imaginant qu'il se composait, lui-même, de deux parties... dont l’une n’entrait pas en ligne de compte d’après le droit public. »
Essayons, malgré tout, de débrouiller lénigme.
Les documents ethnographiques embrassant tant de races diverses, répandues sur un territoire aussi immense que celui de lAutriche-Hongrie, ne sont pas de ceux qu’on peut réunir dans des travaux de laboratoire ou des enquêtes privées. Par bonheur, nous possédons des données plus précises qui nous sont fournies par des enquêtes administratives officielles. Nous trouvons, en effet, des renseignements très détaillés dans les publications du dénombrement de la population effectué le 1e7 décembre 1910 dans toute l’étendue de PEmpire. Nous y trouvons, notamment, les résultats de l’enquête sur la religion et, surtout, sur la langue parlée par les habitants. Ge sont ces documents numériques officiels que je compte interroger.
La religion ne nous fournit pas, dans la circonstance, un renseignement aussi probant que la langue parlée. En effet, parmi les religions recensées, il en est plusieurs qui recrutent leurs fidèles dans des nationalités différentes. C’est ainsi, par exemple, que les catholiques romains autrichiens sont au nombre de 22 millions, sur un total de 28 millions d'habitants et englobent, sans aucun doute, des nationalités diverses. Nous ne pouvons donc pas, dans l’espèce, résoudre le problème ethnographique à l’aide de la déclaration de la religion.
La langue maternelle parlée nous fournit, au contraire, un document très important, car les nationalités sont précisément constituées par des unités linguistiques parfaitement distinctes. Je tiens, cependant, à répondre, par avance, à l’objection qu’on pourrait faire sur la valeur des documents recueillis. Il se pourrait, en effet, que, lors des opérations du dénombrement, l’Administration centrale crut avoir des intérêts politiques ou autres à diminuer l’importance de la langue parlée par des populations dissidentes et à grossir celle de sa propre langue. Il est bien possible — on peut même dire qu’il est probable — que l'Administration autrichienne a pu agir ainsi, dans certaines parties de la Bohême, du Trentin et ailleurs. On sait que l'Administration hongroise à tout fait, non seulement pour vulgariser le magyar, mais encore pour limposer par la force et la violence, par exemple chez les Slovaques et les Roumains du Banat et de la Transylvanie. Il est donc possible, également, qu’elle a pu inscrire plus d’un recensé parlant, à la fois, le magyar et le roumain sous la rubrique : magyar. Par conséquent, le chiffre des recensés inscrits comme parlant la langue roumaine, dans les territoires ethnographiquement roumains, représente un minimum. Mais, ce minimum une fois reconnu et admis, je pense néanmoins que le dépouillement du dénombrement des langues nous fournit un document très sérieux que je suis autorisé à prendre comme base de cette (tude. Une preuve de l'intérêt que les administrations austro-hongroises attachent aux résultats du dénombrement de la langue parlée, c’est le parallèle qu’elles n’oublient jamais d'établir, d’un recensement à l’autre, pour juger des gains et des pertes constatés par chaque idiome. Chemin faisant, Je ne manquerai pas de signaler les fluctuations enregistrées. J’affirme donc que, quelle que soit l’origine primitive et lointaine des races qui peuplent l'Empire austro-hongrois, la langue parlée est devenue actuellement le facteur déterminant de la race dont se réclament les différentes nationalités dans leur