L'Autriche et la Hongrie de demain les différentes nationalités d'après les langues parlées : avec de nombreux tableaux statistiqes et 6 cartes ethniqes
= & —
habitat présent et la raison d’être de leurs aspirations pohfiques, en vue des événements qui se préparent:
L’empire d’Autriche-Hongrie comprend un total de près de 50 millions d'habitants appartenant à des nationalités diverses que nous pouvons grouper de la manière suivante :
Slaves ... . . . . . . . 22.339.985 soit 45,1%
Allemands. ... . . . . . 41.987.701 24,2
Magyars. . . . . . . . . 10.061.549 20,3
Roumains. . . . . . . . 3.224 147 6,5
Italiens. . . . . . . . . 768 .422 ANS
- AUITES. à à | 10772317 2,1 TOTAL. . . . 49.458.491
Ges quelques chiffres montrent que l’élément slave est, sans conteste, le groupe ethnique prépondérant. C’est bien le cas de redire, après un homme d’État polonais : « La monarchie autrichienne est une maison slave avec une façade allemande. »
Gomment se fait-il, alors, qu’étant la majorité, les Slaves n’aient pas, jusqu'ici, obtenu la situation politique qui leur revenait de plein droit par leur importance numérique? C’est que les Slaves vivaient séparés. Au lieu de s’unir pour faire converger leurs efforts contre leurs adversaires communs, qu'ils tiennent, pour ainsi dire, enfermés dans un camp dont toutes les issues sont en leur possession, ils s’ignoraient.
Issues d’une même souche, dont l’origine se perd dans la nuit de l’histoire, les différentes branches de la famille slave ne se connaissaient pour ainsi dire plus. Séparées par des exodes, des invasions, des luttes sans nombre, elles ont gardé, cependant, une communauté de langage que le temps n’a pas réussi à faire oublier, avec le souvenir ému et le culte persistant de leur race dispersée dans tout l'Orient. Slaves occidentaux, Slaves orientaux, Slaves de culture byzantine, Slaves de culture latine avaient évidemment les uns pour les autres les plus vives sympathies. Mais ils ne faisaient que s’aimer. de loin. Ils vivaient éloignés sans aucun lien ni moral ni matériel, sans chefs communs, sans aspirations communes, enfermés chacun dans leur îlot géographique. Ayant perdu tout contact entre eux, les événements s'étaient ligués pour les séparer quand ils n’en faisaient pas des ennemis.
Ils attendaient depuis des siècles de la justice, de la générosité ou mieux de l’intérêt bien compris de leurs oppresseurs sinon leur émancipation, tout au moins une petite place au soleil. Geux, notamment, qui dépendent de l’Autriche-Hongrie se seraient contentés de ne plus être traités en paria dans leur propre patrie et ils se fussent déclarés satisfaits d’être admis à collaborer, loyalement, à l'administration du pays. Il ne faut pas oublier, en effet, que les Tchèques, par exemple, sont, depuis longtemps, les représentants les plus énergiques de la politique fédéraliste. C’est ainsi que Ladislas Rieger, le chef politique de la nation tchèque, fut reçu en audience, en 1869, par Napo-