L'Herzégovine : étude géographique, historique et statistique
LES PAYSANS ET L'AGRICULTURE. 103
droit fixe, l'yailakié résoumi, qui, du reste, est trèsminime. La récolte achevée, le propriétaire vient au village, et, sur la totalité, il prélève sa part de blé, de maïs, d'avoine , etc.; on lui remet en même temps le beurre, les œufs, le miel, ou bien, s’il accepte, le prix en argent de ces denrées; il reçoit, en outre, deux sacs et demi de blé sur cent sacs.
Depuis la mission de Djevded-Pacha, commissaire impérial, venu en 1865, on est dans l’usage de passer des contrats pour un laps de temps plus ou moins long. Si le colon ne satisfait plus son maître, celui-ci ne peut le renvoyer qu'à la fin de la récolte ou du pâturage en forêt. Il doit, en tous cas, l’avertir devant . le tribunal et six mois à l'avance. Dans certaines exploitations, les paysans sont établis depuis un temps immémorial, commé à Duvno, où, chez certains propriétaires , ils forment une sorte de classe de famuli romains. Grâce aux lois promulguées en Herzégovine par le commissaire impérial, les conditions rurales se sont beaucoup améliorées et l'on ne rencontre plus « cette bête noire courbée sur la terre, » dont La Bruyère faisait un si triste tableau. Les rapports entre métayers et maîtres ne sont plus empreints de cette rude barbarie d'autrefois; au contraire, l’agha semble montrer de la condescendance pour son kmet {colon) auquel il vend parfois un lopin de terre. Une certaine contubernalité règne dans les campagnes entre chrétiens et musulmans ; ce n’est guère que dans les villes que le fanatisme religieux corrompt celte bonne harmonie fondée sur la communauté de races et sur la douceur du caractère des Slaves. Il n’est pas