L'Herzégovine : étude géographique, historique et statistique

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rare d'entendre un bey appeler un pasteur « frère, Brat, » au nom de la grande égalité empreinte au cœur de ce peuple : on peut donc dire que les relations entre propriétaires et paysans sont assez douces. Avant le partage, l'Etat prélève la dîme ou achour sur la quantité de chacun ; j’ai déjà parlé des impôts au chapitre précédent : la culture n’est pas assez développée, les routes manquent, le cadastre est défectueux et personne ne fait rien pour améliorer le sort commun; voilà pourquoi la dîme semble lourde. Les redevances fiscales acquitiées, il convient de payer les frais de culte dont le gouvernement ne se charge pas. Les musulmans donnent très-peu de chose à la mosquée, au hodja, à l’iman, et c’est toujours un don volontaire; mais ces ministres du Coran sont rétribués sur les vacoufs (1). Les orthodoxes donnent 7 piastres et 28 paras par tête à l'archevêque ; pour un enterrement, le pope prend un bœuf si la famille est riche où 10 piastres si elle est pauvre; dix piastres au moins pour un mariage; pour un baptême, le prix est débattu de gré à gré. Les catholiques paient le casuel à un prix plus élevé et ils pourvoient à l’entretien de leur clergé à raison de 60 piastres par tête (2). En outre, l’évêque reçoit des secours de Autriche, de la cour de Rome et de la propagande de la Foi. Les aumônes dominicales et les messes servent à l’entre-tien des pères faisant fonctions de curés. La dîme actuelle remplace les anciens droits de timar et de spahiluk autrefois payés aux aghas et aux

(1) Biens de l'Eglise musulmane. (2) 5 piastres équivalent à un franc.