L'Herzégovine : étude géographique, historique et statistique

LES VOIES DE COMMUNICATION. 149

étudiées et peut-être qu'avec le temps, la Narenta pourrait être employée au moins, aux gros flottages depuis Kognitza, en passant par Mostar, jusqu’à la mer. Ce fleuve, qui a sa source à une altitude 3,500 pieds, conserve encore, à Jablanitza, 1200 pieds pour avoir, à Mostar, 300 pieds. Malheureusement de nombreuses pierres à fleur d'eau émergent de son lit et en rendent la navigation impossible pour l'heure. Il ne serait pas difficile de faire disparaître les principales ; on ouvriraient ainsi une nouvelle voie que, dans certains cas, le commerce ne négligerait pas.

Les difficultés opposées actuellement aux embarcations, par la Narenta, n’ont pas été toujours les mêmes ; car, à une époque antérieure, les eaux du fleuve ont été beaucoup plus élevées. Dans les temps primitifs, un lac occupait la cavité comprise entre Blagaï, Mostar, et le mont Porim. Bien plus tard, on voit les Narentani, vers 160 av. J.-C., se rendre redoutables sur la Narenta par leurs pirateries. La grande ville de Narona, détruite par les Tatars, fleurissait sur ses hors à quelques heures de la mer. Enfin, en 1403, Ostoja, roi de Bosnie, ayant attaqué Raguse, cette république fit remonter la Narenta par quatre de ses galères jusqu'à la Rama, c’est-à-dire jusqu'à viagtdeux heures environ de l’Adriatique. Mais, en quatre cent soixante-neuf ans, le lit du fleuve s’est creusé et a laissé à découvert les écueils que l’on voit présentement (1).

Cependant, le gouvernement autrichien s’est arrêté

(1) Une partie de ce chapitre a déjà été publiée dans le Bulletin de la Société de géographie, à Paris. en février 1873, p. 195.