La Bulgarie : ses ambitions, sa trahison : accompagné des textes de tous les traité secrets et correspondances diplomatiques

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guerre, mais avec la proclamation du roi, par laquelle nous avons déclaré la guerre, et elle a donné naïssance à la désobligeante légende sur nos prétentions à l’hégémonie des Balkans. Le monde commença à s'étonner de ce que nous n'étions pas disposés à faire des concessions aux Serbes et aux Grecs, en Macédoine, alors que nous avions arraché toute la Thrace et reculé nos frontières jusque sous les murs de Constantinople. Cet accaparement territorial nous aliéna les sympathies des Russes qui commencèrent à envisager nos prétentions avec défiance et éloignèrent de nous tous les esprits libéraux de l’Europe, lesquels commencèrent à nous considérer comme un peuple qui dit une chose et agit différemment et qui a été à ce point grisé par les succès, qu'il a perdu toute notion de la mesure dans ses aspirations conquérantesi. L'ironie du sort a voulu que cette critique fût formulée par M. Dim. Rizoff qui, au sujet de la marche vers Constantinople, avait écrit à M. Guéchoff les lignes suivantes :

L'Europe tout entière est sous l'impression de nos victoires épiques. Maïs chez les écrivains de partout la désillusion a été grande quand notre beau geste est resté en suspens : l'entrée à Constantinople ne s’est pas faite. Je ne m'en cacherai pas, je suis du nombre. Non pas, cela va de soi, pour des raisons d'ordre littéraire, mais bien pour de profondes raisons politiques ?.

Cette nostalgie de Constantinople et de la mer de Marmara modifia les instructions générales dans l’action militaire de l’Alliance balkanique. Afin de

pouvoir arracher le plus de territoire possible à la Thrace, et de conquérir le plus de côtes possibles

© Svobodno Mniénié (La tribune libre) 1944, n° 4, p. 58 à 59.

* 1v. Ev. Guéchoff : La démence criminelle et l'enquêle y relative. Sofia 1944, p. 98,