La Bulgarie : ses ambitions, sa trahison : accompagné des textes de tous les traité secrets et correspondances diplomatiques

ue

— 171 —

travaillé dansl’ombre de ce cabinet secret, à qui donc la Bulgarie doit-elle sa catastrophe, et qui donc a su s’immiscer dans ses secrets? Le temps nous le dira.

Nous savons cependant déjà ce qui s'est passé, ou pour mieux dire, comment, dans les moments les plus critiques, on a joué avec les destinées de la Bulgarie. On a débuté par la formation d'un cabinet appuyé sur la coalition de tous les partis. On a confié cette tâche à M. Malinoff, le chef du parti démocrate. On a formé un cabinet de coalition en le proclamant même par ukase. Mais tout cela fut fait pour tromper la galerie. Un cabinet tout différent était déjà préparé d'avance, de même qu'une nouvelle politique qui avait déjà été développée dans la fameuse lettre des chefs coalisés des partis libéraux. L'origine de cette nouvelle politique remonte bien au delà du 16/29 juin; elle se manifeste tout d'abord dans les rangs de l’armée, où un mouvement russophobe se dessinait dans les tranchées de Tchataldja. On préparait alors une atmosphère favorable à un changement d'orientation. Cette nouvelle politique amena la Bulgarie à Bucarest et à Constantinople, elle l’isola de tous et l’accula à la catastrophe.

L'Autriche-Tongrie, cependant, s’abstint d'attaquer la Serbie, au mois d'août, et elle ne soutint pas davantage la Bulgarie à Bucarest. Rome et Berlin lui avaient refusé d’appuyer sa politique.

L’Autriche professant une politique réaliste, ne connaît pas de scrupules, ignore la correction et se soucie peu des engagements contractés. S'il en avait été autrement, si l’Autriche avait été correcte, elle aurait, contre le gré de ses alliés, levé les armes contre la Serbie, ainsi qu’elle l’a fait, l'été dernier, quand, au mois de juillet, elle déclara la guerre à la Serbie. Les circonstances sont identiques: dans l’un et l'autre cas, il fallait attaquer la Serbie. En 1913 l’Autriche s’estretranchée derrière le doublerefus de l'Italie et del’Allemagne, mais en 1914 elle a attaqué la Serbie sans consulter l'Italie, sans même lui faire part, en qualité d’alliée, de ses intentions.

La direction des affaires en Bulgarie fut confiée