La Bulgarie : ses ambitions, sa trahison : accompagné des textes de tous les traité secrets et correspondances diplomatiques

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Voilà sur quel point l'Autriche se sépare de sa concurrente, la Russie : le conflit latent entre l'Autriche et la Russie existe, il est connu, il finira par se convertir en conflit armé, et dans ce cas, il n’est pas sans utilité de connaître les dispositions des pays des Balkans à l'égard des deux pays. L’Autriche et la Russie visent à s’anéantir mutuellement, ou tout au moins à se paralyser pour un temps très long, et tandis que l’Autriche rêve de placer entre elle et le « colosse du Nord » une barrière vivante, sous forme d’un Etat petit-russien, la Russie désire barrer au germanisme la route vers la Méditerranée, lui opposant un bloc yougo-slave. Ce bloc est déjà désagrégé avant que d’avoir vraiment commencé à vivre. C’est là toute la faute que les Russes nous reprochent. Et, tandis que la Russie se rend compte qu'elle ne pourra plus se servir de nous pour la réalisation de ses projets, l'Autriche acquiert de plus en plus la certitude qu'il est futile de suspecter la Bulgarie et de penser qu’elle recommencera à tirer les marrons du feu pour les autres. La Bulgarie, tout en ne contrariant pas les projets de la Russie, peut parfaitement se mettre à l'unisson des aspirations austro-hongroises. L'Auiriche-Hongrie serait très satisfaite de voir la Bulgarie rester à l'écart de toute combinaison internationale qui fortifierait les positions de la Russie, quand bien même nous n'aurions en vue qu'une organisation indépendante et solide, alors que la Russie a regardé d’un fort mauvais œil notre expansion vers la mer de Marmara et nous a sans cesse conseillé de faire des concessions à la Serbie. L'Autriche n’a point dissimulé su joie de voir surgir une Grande Bulgarie à qui elle accorderait Salonique et à qui elle garantirait, par surcroît, la roule vers Valona. Ce que l'Autriche était disposée à nous accorder fut autrefois la cause qu'un gouvernement bulgare, qui cultivait les erreurs slayophiles et manifestait une singulière soumission à la Russie, contracta l'Alliance balkanique par laquelle la Russie réussit à la fois à tromper notre idéal et à nous séparer, à nous arracher de l'Autriche. Mais il est hélas! trop tard pour parler de cette grosse erreur de notre politique extérieure. Il est trop tard encore pour ruiner cette légende que l’Autriche avait des visées sur Salonique. Car, en vérilé, il paraît qu'à la Conférence de Londres on avait exclu Dibra des frontières albanaïses, sur les instances de