La Bulgarie : ses ambitions, sa trahison : accompagné des textes de tous les traité secrets et correspondances diplomatiques

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pour ne pas payer sa « dette du sang ». On ne parlait plus de l’impossibilité de marcher de front avec les Serbes, mais il était question de la suprême obligation morale de combattre avec la Russie, la main dans la main, contre les Turcs, de l'esclavage desquels la Russie a affranchi les Bulgares en répandant son propre sang.

La Bulgarie se trouvait en présence d'une nouvelle responsabilité morale. La Russie tout entière attendait sa décision. Il n'y avait pas à choisir. Le Novoié Vrémia du 17/30 octobre 1914, dans un article intitulé « Le nouvel ennemi », pose en ces termes la question à la Bulgarie :

Maintenant, dans ces heures fatidiques, non seulement pour la Turquie, mais bien aussi pour les puissances balkaniques, nous dirigeons nos regards vers ces nations qui ont commencé à vivre et à respirer librement le jour seulement où la main puissante de la Russie les a libérés des chaines de l'esclavage.

N'auraient-elles pas déjà oublié leur passé, l'esclavage, les siècles de dégradation, l'injustice, l'oppression ? Le moment est venu de jeter les masques, il n’y a plus d’hypocrisie possible, plus de lenteur nid’hésitation. [n'y a plus qu'une chose : Celuiquin’est pasavecnousestcontrenous! La Bulgarie quenous avons libérée et élevée, ne peut, dans les heures les plus critiques de la lutte entre sa généreuse libératrice et son éternelle ennemie, rester en spectatrice passive devant cette guerre mondiale. Toute entente qu’elle conclurait avec l’ennemi juré de la Russie qui avait engagé contre elle une lutte à mort, constituerait la plus lourde trahison envers tout le slayvisme et la couvrirait à tout jamais de honte. La Bulgarie ne peut oublier que le yatagan ture, tourné maintenant contre la Russie, a fait pendant des siècles couler le sang bulgare.

Avec la Russie ou avec la Turquie, maintenant ou jamais —

il n'y a pas d'autre solution et il ne peut y en avoir d'autre.

NT