La Bulgarie : ses ambitions, sa trahison : accompagné des textes de tous les traité secrets et correspondances diplomatiques

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Reichspost, adressant ses souhaits aux armées autrichienne et allemande, écrit :

À l'étranger, on continue de propager l'opinion que la Bulgarie tendra la main à la politique russe. Ceux qui pensent ainsi sont mal informés. Il est vrai qu'il y a encore chez nous des russophiles, mais il y en avait aussi précédemment. Seulement, dans les temps difficiles il s’est toujours trouvé des hommes elairvoyants qui ont vu où l’on menait la Bulgarie, alors qu'elle avait la Russie pour amie.

Nos dirigeants les plus estimés étaient ceux qui, guidés par un instinct sûr, se sont méfiés de la politique russe. Notre grand Karaveloff ! était de ce nombre et, en 1880, il menait déjà une politique opposée à la politique russe. Un fait caractéristique pour la mémoire de cet homme est le suivant : aprés l'assassinat de l'empereur Alexandre Il, Karaveloff offrit la plus large hospitalité aux révolutionnaires russes et organisa un banquet en leur honneur.

Karaveloff a toujours su mesurer exactement les dangers de la politique russe. En 1881, les Russes firent le coup d'Etat afin d’abolir notre Constitution et de devenir maitres dans notre pays, recourant dans cette intention aux moyens les plus répugnants. Lorsqu'en 1885 on proclama l'unité de la Bulgarie septentrionale avec la Bulgarie méridionale, la Russie s’éleva contre cette transformation, ne voulant pas admettre l'agrandissement de notre pays. Elle chassa le prince Battenberg du trône de la Bulgarie, ce souverain qui a héroiquement combattu pour la Bulgarie et qui, jouissant de la plus grande popularité, était aux yeux dela Russie un homme fort dangereux qu'il fallait écarter. C’est alors que la Russie s’appréta à gouverner. Ce petit jeu aurait pu réussir si l’Au-

‘ Karaveloft à formé en Bulgarie le parti démocratique dont le chef actuel est M. Alexandre Malinoff, homme très bien vu à la cour du roi Ferdinand, depuis 4908, époque à laquelle le roi lui à conféré le pouvoir, bien que son parti ne fût représenté au Sobranié que par 7 députés. C’est avec lui que le roi, grûce à des rapports secrets avec l'Autriche, à proclamé la royauté et l'independance, au moment de l'annexion de la Bosnie!