La Bulgarie : ses ambitions, sa trahison : accompagné des textes de tous les traité secrets et correspondances diplomatiques

Gris

Le sort en était jeté. Dès lors les événements prennent la direction arrêtée d'avance. Il est seulement étonnant que M. Guéchoff et M. Theodoroff aient pu d’abord croire, puis affirmer, qu'à Vrana c’est leur politique pacifique qui a triomphé. En réalité, elle était vaincue par la politique opposée à l’arbitrage, celle de l’action armée. Le mouvement submergeait de plus en plus l’opinion publique de ses vagues. M. Theodoroff lui-même, dans le discours qu'il prononça au Sobranié, rappelle avec quelle ardeur se manifesta la méfiance à l'égard de la Russie. À cette époque on criait : « N’allez pas en. Russie, vous y serez roulés ; le fait serait flagrant : il y aurait danger à aller à Parbitrage en Russie ». On tenait des meetings contre le voyage en Russie, et il faut bien l’avouer, le nombre de ceux qui manifestaient contre l'arbitrage était très grand. La méfiance avait gagné énormément de terrain, je ne puis le contester.

L'opinion publique accueillit le cabinet Danefï au milieu d'imposantes manifestations contre la Russie.

Au début du mois de juin — raconte M. Theodoroft au Sobranié — à mon entrée dans le Ministère, lorsque j’entendais affirmer ces sentiments belliqueux, ces imprécations contre la politique gouvernementale russophile, ces objurgations répandues parla presse etrépétées dans les meetings de ne point aller à Petrograd qui sera notre tombeau, que la Macédoine sera déchiquetée et crucifiée, et que c'est par la force de nos armes que nous devons prendre ce à quoi nous

avons droit, entendant cela, je me disais : I y a quelque chose de pourri dans ce pays.