La correspondance de Marat

INTRODUCTION XY

simulées‘. Ailleurs, il raconte, pour expliquer les similitudes du style, que lui-même les rédige à nouveau *. De telles habitudes font craindre que, par une sorte de supercherie calculée, et bien qu’aucune de ses propres remarques ne porte sur les réponses qu'il adresse à ses correspondants, il n'ait parfois inséré, à la suite de lettres fictives, des réponses naturellement fictives aussi.

En réalité, il est bien rare que l'étude attentive des textes n'amène point quelque précision. Parfois un mot suffit pour déterminer exactement le caractère d’une lettre. Quand, par exemple, il termine sa réponse en disant : « Voilà, mon cher concitoyen, le seul commentaire que je me permet-

1. M. Tourneux (Bibliographie de l'Histoire de Paris pendant la Révolution, t. Il, p. 644) cite ce témoignage de Hatin, qui a pu consulter cet exemplaire de L’Ami du Peuple : « On sait que la feuille de Marat est rempli de lettres adressées à L'Ami du peuple. Marat confesse à diverses reprises, ce qu'on n'était pas sans soupgonner, que beaucoup de ces lettres sont simulées. Ainsi, au n° 181, au bas de la lettre à l'auteur ayant pour objet un horrible attentat «les noirs et demi-noïrs (des ministériels, dit une note) contre La liberté de la presse el les écrivains patriotes, on lit ce renvoi : « Cette lettre est de l'auteur; il y a seulement fait entrer des félicitations et des consolations que lui avaient adressées de bons citoyens » Une autre est imaginée par lui « pour amener ses prédictions ».

2. « Qu'on ne soit pas surpris de retrouver le même style dans la plupart des lettres que je publie; le peu d’étendue de ma feuille m'oblige de les rédiger pour n’en prendre que la substance. Au demeurant, je prends sur mon compte quelques épithètes de celle-ci que j'ai retouchées pour les adapter au sujet. » (L'Ami du Peuple, n° 246).