La correspondance de Marat

6 ° LA CORRESPONDANCE DE MARAT

plaindre de tant de délais. Sans doute que le savant académicien qui s’est chargé du rapport à quelque chose de mieux à faire; mais depuis que mes expériences sont sous les yeux de Messieurs de l'Académie, les principales ont êté vues d’un grand nombre de curieux, et je n’ai encore aucun acte authentique qui m’assure à ce sujet le fruit de mon travail. Ainsi, je me vois réduit à la triste nécessité de revendiquer mes découvertes contre ceux qui pourraient être tentés de se les approprier.

Trop heureux si mes craintes étaient vaines, mais comment l’espérer? Le mémoire où sont consignées ces découvertes a été remis à Messieurs les commissaires. Deux cahiers s’en trouvent égarés, et aujourd'hui j'apprends avec surprise que quelques physiciens de la capitale travaillent sans relâche à renouveler mes expériences pour les adapter à une différente théorie. Si je dois en croire les initiés du secret, la réfutation de ma doctrine pourrait bien paraître avant l’ouvrage qui la renferme. Je n’ai donc point - de temps à perdre pour la donner au public. Ainsi, Monsieur, je demande instamment à l’Académie de vouloir bien recevoir samedi prochain le rapport qui me concerne. _Sreette grâce m'est refusée, je me flatte que mes nouvelles “expériences (qui toutes ont été vérifiées par Messieurs les commissaires) soient immédiatement publiées, revêtues de leur sanction, puisque j’en ai acquis le droit.

J'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. :

Marar.

Paris, le 26 avril 1180. -