La France sous le Consulat
246 LA FRANCE SOUS LE CONSULAT
rétabli les relations internationales sur terre et sur mer, Bonaparte n’en persiste pas moins à proposer la satisfaction de tous nos besoins comme le but suprême de notre activité industrielle; après la rupture de la paix d'Amiens, cette maxime économique redevient une nécessité politique.
Tous ses efforts tendent done à susciter une industrie française indépendante. Pour y parvenir, il fait appel à la fois au patriotisme et à la coquetterie des femmes françaises. En 1801, il écrit de Saint-Quentin aux Consuls de la République : « L’on désirerait bien que nos dames missent le linon à la mode, sans donner aux mousselines cette préférence absolue. L'idée de ranimer une de nos manufactures les plus intéressantes et que nous possédons exclusivement, et de donner du pain à un si grand nombre de familles françaises est bien faite pour mettre à la mode les batistes. D'ailleurs, n’y a-t-il pas déjà assez longtemps que les linons sont en disgrâce'. » Il prêche d'exemple et décide que les dames qui viendront aux Tuileries n'y seront reçues que si elles portent des étoffes françaises. — Il fait écrire par Talleyrand « à tous les agents du gouvernement au dehors, pour leur faire connaître qu'ils doivent inspirer, encourager, favoriser l'esprit de retour dans les ouvriers français qui se sont retirés en pays étrangers pendant l'inactivité de nos manufactures de France. Les ouvriers de la fabrique de Lyon doivent être plus spécialement, à cet égard, l'objet de leurs soins ?. » — Dans tous ses voyages il visite les manufactures et les ateliers : en 1802, à Lyon, où 1l convoque les manufacturiers de Saint-Etienne et d’Annonay ; à Louviers, à Romilly, à Rouen, à Elbeuf; en 1803, à Liège, à Charleville, à Sedan. — Il prodigue les encouragements, les prêts, les avances, les récompenses, les gralifications, aux industriels, aux inventeurs, aux ouvriers. Les deux
1. Corr., t. VII, 10 février 1801. 2. Corr., t. VIIT, à T'alleyrand, 6 décembre 1802.