La France sous le Consulat

280 LA FRANCE SOUS LE CONSULAT

Il publie en 1801, dans le Mercure, le petit roman d’Afala, épisode détaché du manuscrit du Génie du Christianisme, et le Génie du Christianisme en 1802, l’année de la proclamation du Concordat. Le succès est immense, en dépit ou plutôt en raison même des réserves et des critiques des philosophes et des littérateurs de l’école elässique. Ces deux ouvrages marquent une date capitale de notre histoire littéraire. Le Génie du Christianisme, œuvre moitié d'imagination, moilié d’études morales et littéraires, promulgue une poétique nouvelle lorsque Chateaubriand y « montre aux éerivains du temps combien il est funeste et vain d'imiter sans cesse leurs prédécesseurs, qui eux-mêmes imitaient les anciens ; qu’il faut être soi-même, penser avec sa pensée et sentir avec ses sentiments, avoir chacun au moins le degré d'originalité dont on est capable ; qu'il y a, en dehors des souvenirs de l’antiquité classique, dans la Bible, dans le moyen-àge, dans l'histoire des peuples modernes, dans le SRE dans l'éternelle nature surtout, mille inspirations qui valent celles d'Homère et de Virgile, et qui ont été moins mises en usage !. » C’est aussi une apologie de la religion catholique, et, par la date de son apparition, un monument de la restauration religieuse qui produisit le Concordat. La partie apologétique du Génie du christianisme, malgré l’ingéniosité de maints détails et l'éclat du style, est faible en somme et superficielle. Chateaubriand « vous demande de croire à la religion, non parce qu’elle est vraie, mais parce qu’elle est belle et féconde en poétiques émotions. » * C'est, comme on l'a spirituellement appelée, la religion des cloches, où l'imagination joue un bien plus grand rôle que le cœur. — Atala est la mise en œuvre des théories littéraires du Génie du Christianisme. Les grandes forêts du

1. E. Faguet, Tableau de la littérature française au XIX° siècle dans les Notices lilléraires sur les auleurs, Paris, 1891. 2. Taine, Les Philosophes classiques.