La France sous le Consulat
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polissant lentement par le retour aux anciens usages, par la réouverture des salons, par la possession de la fortune ; conservant néanmoins, dans son mélange et sa confusion, dans la vulgarité ou même la grossièreté de ses goûts et de ses plaisirs, la marque de son origine récente et révolutionnaire. L'organisation de la société et la reconstruction de la France ont eu pour conséquence une renaissance économique. Les fortunes privées se sont reconstituées en même : temps que l’ordre se rétablissait dans les finances publiques, que les impôts rentraient régulièrement, que le régime du papier-monnaie prenait fin, que les capitaux réapparaissaient, que le taux de l'argent diminuait, que le crédit de l'Etat renaissait. L'année 1802, la plus heureuse assurément de la période consulaire, nous montre l’agriculture refleurissant dans les champs dévastés où abandonnés; les anciennes industries retrouvant des ouvriers et des clients, d'autres se développant ou se fondant par l'application des découvertes de la physique et de la chimie et par l'emploi des machines ; le commerce prenant un essor inouï jusqu’alors et se proposant l'exploitation du monde, grâce à la pacification des mers, à la restitution de nos colonies et à l'ouverture des marchés des Etats alliés ou vassaux ; enfin une puissante activité imprimée aux travaux publics pour réparer les ruines de la Révolution, assurer aux armées comme aux produits de la paix une circulation facile, et doter la France de monuments dignes de sa grandeur.
Le mouvement intellectuel peut soutenir la comparaison avec le reste. Les sciences continuent leurs progrès ininterrompus depuis la Renaissance : Lagrange, Laplace, Monge, Fourcroy, Berthollet, Lamarck, Antoine Laurent de Jussieu poursuivent ou achèvent leur œuvre ; Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire fondent la leur. En littérature, les pseudoclassiques, avec leur philosophie sans profondeur, leur poésie