La France sous le Consulat
CONCLUSION 295
des fonctionnaires bien dressés, privé intentionnellement de ses étages supérieur et inférieur, l'un où la science s’élabore sans cesse et s'élève toujours plus haut, l’autre où elle se distribue et rayonne dans les profondeurs sociales. C’est enfin un Concordat, œuvre de politique et non de foi, contrat équivoque entre deux parties médiocrement sincères, compromis bâtard entre des tendances également absolues et contradictoires, dont le vice fondamental n’a pas tardé à être mis à nu par la force des choses supérieure à la volonté des hommes, et qui a créé à la France une situation d’infériorité et de faiblesse vis-à-vis des autres grandes nations qui ont donné une solution nette et franche au grave problème des rapports de l'Eglise et de l'Etat. En un mot, l'Etat français, tel qu'il a été reconstruit de 1800 à 1811, nous apparaît comme un Etat administratif et bureaucratique, où la centralisation excessive et la destruction des anciens cadres et des anciens corps locaux produisent une circulation artificielle, excessive au centre, rare et languissante aux extrémités ; comme un corps où la vie spirituelle est distribuée par l'Etat étroitement utilitaire et par une Eglise dont la direction et le but sont ailleurs, et qui, par conséquent, ne possède, ni l'énergie spontanée, ni l'harmonie caractéristique des organismes heureusement constitués.
Le travail accompli dans l’ordre social nous montre une société se formant, d’une part des débris de celle de l’ancien régime, par la rentrée des émigrés, la réapparition des anciens nobles et des bourgeois d'autrefois dispersés etruinés par la Révolution, — d’autre part des parvenus de la Révolution, fournisseurs et spéculateurs enrichis, soldats et policitiens de fortune, petits bourgeois et paysans acquéreurs de biens nationaux ; s’organisant et se classant à la faveur du rétablissement de l’ordre et de l'établissement d'un gouvernement régulier et stable ; se civilisant et se