"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (оштећен примерак)
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CHAPITRE XI.
sion que la révolution grecque en avait fait sur Byron *. En 1818, des propos imprudents l’ayant forcé à prendre du service à la chancellerie du général-gouverneur de la Bessarabie, il trouva dans cette province de nombreux émigrants serbes, chefs de l’insurrection de Kara-Georges. A Kichenelf, il fréquenta le général Inezoff, « ministre de la colonie bulgare », chez qui l’on rencontrait les voïvodas : Voutchitch, Nénadovitch, Jivkovitch 2 . 11 put y entendre chanter des guzlars et s’informa de la traduction qui convenait aux expressions serbes 3 . Plus tard, à Odessa, il fut l’ami d’une famille dalmate, les Riznitch, qui l’initièrent aux mœurs Spartiates des Monténégrins 4 . Le souvenir de Kara-Georges massacré brutalement par les pandours, en 1817, était encore vivant. Le caractère romanesque de cet homme de génie, libérateur de son peuple et assassin de sa famille, avait captivé Pouchkine. Le 5 octobre 1820, sept ans avant la Guzla, - il écrivit sa poésie Ala fille de KaraGeorges. ... Guerrier de la liberté, Couvert du sang sacré, Ton sublime père, criminel et héros, De l’horreur et de la louange digne tout à la fois 5 . C’est dans ce milieu serbe, on n’en peut douter, que Pouchkine prit connaissance du recueil de Karadjitch, dont il traduisit tant bien que mal trois chansons : le
1 Platon Kouiakovsky, Slavianskié motivui v tvorlchestvié Pouchkina, Amsßouski filologuitcheski Viestnik, 1899, pp. 1-22. 2 Ibid. 3 Rouski Arkhiv, 1866, p. 1266 et suiv. (Cité par M. Kouiakovsky.) 4 Yakovlieff, Otzivui o Pouchkinie na ioughie Rossii, Odessa, 1887, p. 138. (Cité par M. Kouiakovsky.) 3 K dotchéri Kara-Ghéorghia.