"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (са посветом аутора)

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AVANT-PROPOS.

qui ont été longtemps sous le gouvernement français, sont assez bien connues pour qu’il soit inutile de faire précéder le recueil d’une description géographique, politique, etc. », l'auteur, en quelques mots à peine, nous dit ce qu’est la guzla: « espèce de guitare qui n’a qu’une seule corde faite de crin », et nous parle des bardes slaves, joueurs de guzla, qui parcourent les villes et les villages en chantant des romances; puis vient : 2° Une notice sur Hyacinthe Maglanovich, joueur de guzla, le poète des « ballades illyriques » dont on ne fait qu’offrir au public la traduction littérale. Le portrait lithographié de Maglanovich, signé M. Br., ornait le volume; enfin : 3° Vingt-huit ballades, traduites en prose française, accompagnées de longues notes et deux dissertations folkloriques. Cette collection de ballades eut peu de succès en France. On l’eût rapidement oubliée si elle n’avait eu pour auteur un jeune homme qui se révéla bientôt écrivain de grand talent, si, enfin, on ne lui avait fait à l’étranger un accueil plus favorable. En effet, peu de mois après sa publication, cet ouvrage eut les honneurs d’une traduction en vers allemands. Goethe lui consacra une notice dans sa revue Art et Antiquité. Le vieux poète le loua fort, mais se donna le malin plaisir de dévoiler à cette occasion une petite supercherie littéraire : l’auteur des ballades n’était autre que le jeune et brillant écrivain qui, deux ans auparavant, avait publié le Théâtre de Clara Gazul, œuvre d’une fictive comédienne espagnole. Le titre même du livre (la Guzla) était-il autre chose que l’anagramme de Gazul? Cette aimable découverte inutile, disait le démasqué ne tarda pas à provoquer une certaine