"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (са посветом аутора)

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AVANT-PROPOS.

articles malheureusement écrits en serbe et pour des Serbes personne n’entreprit de vérifier le récit de notre auteur 1 . Une étude complète sur la Guzla était encore à faire. Un tel travail ne serait pas sans intérêt ni sans utilité pour qui veut mieux connaître le curieux épisode d’histoire romantique qu’est cette œuvre de jeunesse du parfait écrivain à qui les lettres françaises doivent la Chronique, de Charles IX et Colomba. Mais et nous tenons à le dire avant d’aborder la matière ce n’est pas exclusivement au critique français que s’adresserait une monographie sur la Guzla. Et tout d’abord, un « choix de poésies illyriques », alors même que les origines en seraient douteuses, intéresse l’historien littéraire serbo-croate. La poésie populaire a joué un grand rôle dans la destinée de cette nation dont elle constitue encore aujourd’hui le plus important monument littéraire ; aussi les érudits serbo-croates doivent-ils chercher à savoir quelle fut son influence à l’étranger. La Guzla, d’autre part, appartient à un genre international par excellence : son caractère dépasse les frontières du pays où elle a vu le jour et du pays qui l’a inspirée; son histoire intéresse tous ceux qui s’occupent de l’influence de la ballade populaire sur la littérature en généra], sur le romantisme européen en particulier. Enfin, à propos de ce recueil, Mérimée est entré en

1 II est vrai que Eugène de Mirecourt, l’auteur des Contemporains, avait essayé de faire quelques recherches et qu'il avait consulté le Voyage de Fortis, source principale de la Guzla. Mais, avant d’avoir trouvé ce qu’il cherchait et cé qu’il aurait pu trouver avec quelque diligence, il ferma le « gigantesque volume », déclarant « franchement » qu’il ne voyait pas de quel secours a pu être à Mérimée « ce livre indigeste, qui ne parle que de métallurgie, de botanique et de géologie ». (les Contemporains, n" 79, Mérimée, Paris, 1857, p. 37.)