"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (са посветом аутора)

LES ILLYRIENS AVANT « LA GUZLA ».

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prose, les pérégrinations des Croisés dans les contrées chrétiennes, comprises entre la Hongrie et l’empire Bvzanlin, la mer Adriatique et la mer Noire. Contentons-nous d’indiquer, parmi les documents parvenus jusqu’à nous, la Conquête de Constantinople de Villehardouin et la chronique de Guillaume de Tyr, cette mine si riche où puisèrent les compilateurs et les versificateurs d’itinéraires de la Terre-Sainte 1 . Le chemin de Jérusalem, si fréquenté pendant tout le moyen âge, quand il ne passait pas par la mer Méditerranée et l’île de Malte, passait par Venise et Raguse, ou bien par la vallée du Danube et de la Morava, pour gagner ensuite Constantinople et l’Asie-Mineure. Les guides du temps s’occupèrent de toutes ces routes ; et l’on retrouve dans ces vieux bœdeckers dont MM. Charles Schefer et Henri Cordier nous ont donné une collection d’éditions critiques nombre de pages relatives aux Serbo-Croates. Durant cette même époque, les littératures européennes, la littérature française en particulier, ne restèrent pas inconnues aux Serbo-Croates. Tandis que les Slaves catholiques, par la force même des choses, recevaient directement^ civilisation occidentale,les « orthodoxes », christianisés et introduits dans l’histoire par Byzance, virent un jour l’empire Latin se fonder à Constantinople et l’influence française pénétrer profondément dans l’Orient. C’est alors que, grâce aux Grecs, de nombreuses légendes d’origine étrangère entrèrent dans la littérature savante et dans la littérature traditionnelle, non seulement des Serbes et des Bul-

1 Petit de Julleville, Histoire de la langue et de la littérature française, t. 11, pp. 308-311. 2 Ernest Leroux, éditeur. 2