La mort de Louis XVII d'après la Registre-Journal du Temple : documents inédits

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dernier devoir qu’exige l'humanité. Pareillement demandé au citoyen Gourlet, porte-clef de la Tour. A répondu qu'il le connaissait depuis son arrivée au Temple. Après ces interpellations faites, les susdits officiers de santé ont procédé à leurs opérations.

Le citoyen Darlot, membre du Comité civil de la section de la Réunion, étant introduit à la Tour pour faire son service, l'avons conduit à la chambre du fils de Louis Capet où, en présence des officiers de santé, on a découvert la figure de l'enfant en lui demandant si il le reconnaissait. Son premier mouvement fut de dire qu’il le reconnaissait pour l'avoir vu plusieurs fois aux Thuilleries et que, dans son âme et conscience, il déclarait que c'était bien lui-même.

À onze heures du soir ‘ sont arrivés les représentants du peuple Kervélégan et Bergoeing, chargés par le Comité de Sûreté générale dont ils sont membres, de s'assurer de l'exécution de différents arrêtés pris par le Comité concernant Capet fils.

Après avoir comparé le procès-verbal rapporté par les officiers de santé à et le registre-journal des citoyens chargés de la garde du Temple et les avoir trouvés conformes, les représentants ont appelé l'état-major de la garde du Temple et entrés tous ensemble dans l'appartement où était le corps du fils Clapet, le citoyen Bourgeois, commandant de la force armée de la section de la Fidélité; Lucas, adjudant; Ratreaux, capitaine, idem; Seguin, lieutenant, section des Droits de l'Homme ; Normand, sous-lieutenant de la section de l'Homme-armé; Vuillaume, sergent, section des ÂArcis, ont déclaré le reconnaître et ont signé.

Cette pièce, qui reproduit quelques pages du fameux registrejournal du Temple, et qui transerit à la fin le procès-verbal de Darlot, constitue, — tous les spécialistes en conviendront, — le document le plus important qui ait jamais été publié sur la question de « la mort au Temple ». C’est le seul texte du jour rassemblant en grand nombre les témoignages.

Son authenticité n’est pas douteuse, bien que ce soit une « copie », et même une copie sans signature.

Elle fait, en effet, partie d’un dossier versé, depuis quelques années, aux Archives nationales par les Archives du ministère de la Justice, et qui provenait des Archives de la Chancellerie de France. Ce dossier, définitivement constitué en 1817, au ministère de la Justice *, comprend quatre liasses, les trois premières surtout

1 Si, comme on doit le croire, cette indication d'heure n’est pas un lapsus, on tire de la présente pièce l'indication suivante : la seule visite de deux représentants seulement a eu lieu le ?1 prairial, à onze heures du soir. C’est donc alors qu'ils parlèrent inhumation et c’est alors que Damont observa : la garde ne laissera pas sortir la bière sans en exiger l'ouverture.

2 Ce procès-verbal n’a été « fait et clos » dans la Tour du Temple qu’ « à quatre heures et demie de relevée ».

3 Sans doute, les liasses ont-elles passé par différents ministères, La troisième a même été certainement formée à la « Maison du Roi », puisqu'elle vient du comte de Pradel, ministre de ce département depuis le 45 septembre 1815. Quant aux deux premières, leurs chemises portent la