La mort de Louis XVII d'après la Registre-Journal du Temple : documents inédits

D'APRÈS LE REGISTRE-JOURNAL DÜ TEMPLE 19

je fus invité par lesdits commissaires à me transporter dans l'appartement, dans lequel, après y être entré, quatre citoyens chirurgiens quis (sic) étaient à écrire, lesquels s'étant levés, et entrés avec moi, les citoyens commissaires aussi présents, dans une chambre; où était sur un lit de sangle un enfant mort, enveloppé de son linceul, dont le visage m'ayant été découvert, et m'ayant été aussi demandé si je reconnaissais cet enfant mort, je déclare dé vérité que n'étant encore nullement défiguré, que la première parole que je prononçai et très franchement fut que je remettais bien cet enfant mort pour l'avoir vu plusieurs fois se promener au jardin des Thuilleries avec toute (sic) l'appareil du fils de Louis Capet, et dans le petit jardin où il y avait des lapins. En oi de quoi j'ai signé ma sincère déclaration, en ayant été vivement frappé; fait cedit jour et an cidessus, étant de service comme commissaire adjoint à la garde dudit Temple.

Dar:or, Commissaire et membre du Comité civil de ladite section de la Réunion.

Cette page honnête, rédigée en style « sergent de ville », achève de nous documenter sur les journées des 20 et 21 prairial. Les plus exigeants ne sauraient en demander davantage.

Mais les pièces (déjà connues, celles-là) relatives exclusivement à la journée du 22 achèvent de dissiper toutes les illusions. L’inhumation eut lieu au soir de ce jour, et le procès-verbal authentique, rédigé à dix heures du soir, mentionne que le cadavre « a été reconnu pour être celui de Louis-Charles Capet ». De plus, on possède le précieux manuscrit de Guérin, commissaire civil de garde. M. de la Sicotière, en 1882, a publié la relation de ce témoin, intitulée : Récit de ma séance au Temple, le 29 prairial, an IIT. « J'avais vu, dit-il, le cidevant dauphin aux Tuileries... Le visage fut découvert. Je le reconnus, ce qui fut constaté sur le registre. » Et il ajoute : « À sept heures... les gardiens, pour s’entourer encore d’un plus grand nombre de témoignages sur l'identité de l'individu qu'il s'agissait d’inhumer, invitèrent deux commissaires civils de la section du Temple [Bigot et Bouquet] et tout l'état-major de garde au poste d'assister à cette vérification, et ceux d’entre eux qui reconnaïîtraient le fils de Louis Capet, de le déclarer et de l’attester par leurs signatures. Tous le reconnurent et signèrent au registre ».

Rien de plus calme, dé plus précis, de plus formel que cette déclaration. Il est, d’ailleurs, certain que, si elle n’a pas été rédigée sur l’heure, elle fut écrite, du moims, avant la sortie du Temple de Madame Royale, c’est-à-dire avant le 18 décembre 1795. Elle constitue donc, elle aussi, un témoignage capital.

Et voici, en résumé, l’ordre des faits : le 20 prairial, à 3 heures environ, l'enfant meurt. La mort, connue, au Temple, de Lasne, Gomin, Damont, Gourlet, bientôt de Pelletan, et, plus tard, de