La patrie Serbe
LA PATRIE SERBE DO
Une sorte defadeur montait des profondeurs de l'être, la tête devenait légère, la nuque pesait. On marchait
sans savoir comment, le peu d'attention que l'on pou-
vail retenir se fixait sur le désir de ne gas tomber con-
tre la glace du sentier. Les malades, les blessés, anémiés
par la douleur et l'épuisement des plaies non pansées,
s’écroulaient par milliers. Les jeunes gens que l’âge
n'ayait pas suffisamment fortifiés pour une pareille
épreuve s abandonnaient facilement (1).
Rien ne décrirala monotonie fastidieuse de ces montagnes identiques se succédant pareilles, coupées seulement de ravins, où couraient des torrents qu'il fallait traverser en ayant de l'eau jusqu'à mi-jambe.
C'était toujours, toujours la même répétition : Après une montigne une autre montagne; une marche de flanc, et le serpent du sentier commençait une nouvelle marche de flanc. La pente montait à droite et descendait à gauche, ou montait à gauche et descendait à droite. Les nuées tantôt cachaïent, tantôt laissaient apercevoir des sommels jumeaux. Le treillis des petits arbresgrèles était perpétuellement remué par le vent au-dessus de la neige. Les corbeaux posés sur les cadavres s’envolaient quand retentissaient des coups de feu. Les cadavres étaient nombreux, les passants blasés ne prêtaient plus aucune aftention à la hideur des visages livides. Les chevaux écorchés étaient peut-être encore plus atroces, saignant comme ils saignaient dans celte pureté. Pour-
_fant la rencontre de plusieurs morts fauchés tous ensemble par les Albanais, émotionnait un peu. C'était pire de voir la réunion macabre, les expressions, les poses étaient plus laides que celles des malheureuxexterminés .
12 Ghentchilch; Un cri de détresse dela Serbie affamée, » Lau
teur nous apprend que sur 46.000 recrues de 47 à 18 ans 7.000 seulement survécurent,